Le 11 Septembre 2001, j’etais aux USA
Il y a 10 ans le 11 septembre 2001, le 9/11 (nine eleven comme ils disent), comme tout le je me rappelle où j’étais lorsque j’ai appris la nouvelle. J’étais expatrié en Californie, j’habitais Los Altos et travaillais encore à Menlo Park, c’était juste avant que nos bureaux déménagent et jouxtent ceux d’Apple à Cupertino. Il était 7h30 du matin (heure Pacifique) je remontais la 280, Junipero Serra Freeway dans ma vieille Mustang fraichement négociée à un mexicain à $5000 (le dollar était à 8FF à l’époque !) .
Histoire de me faire l’oreille et d’améliorer mon anglais fortement teinté d’accent français (qui fait craquer toutes les américaines – it’s so cute !) comme tous les matins j’écoutais la radio, KQ quelque chose (toutes les radios commencent par K d’ailleurs) et le programme quotidien de cette heure était des histoires à la Pierre Bellemare mais plutôt futuristes. Ce matin là il parlait des twins towers de New York qui s’écroulaient, etc, etc, au bout de cinq minutes je trouvais qu’il se répétait un peu et étant un maniaque de la zapette je change de canal… pareil, les Twins Towers, des avions, etc, etc… je change encore de canal, idem ! Je me suis dit que je devais avoir des problèmes de compréhension de la langue, j’arrive au bureau et je demande à notre assistance américaine qui était déjà là la confirmation de ce que j’avais cru entendre.
Je demande alors s’il y avait une télé quelque part, elle me dit que oui mais qu’il n’y a pas le câble et qu’elle est seulement branchée sur le magnétoscope.
J’ai juste le temps de bricoler une antenne avec quelques cintres et au fur et à mesure que les collègues arrivaient nous nous empilions devant l’écran, de la fumée, les images des tours qui s’écroulent, etc, etc…
Difficile de se remettre au travail, la boîte mail pleine de courrier des amis français qui avaient eu la nouvelle avant nous (décalage horaire oblige) et demandaient des nouvelles.
Les jours et les semaines qui ont suivis ont été assez incroyables pour un français vivant là-bas. Voir de l’intérieur un tel évènement avec un regard « extérieur », un temps soit peu que l’on peut se sentir extérieur à un tel évènement, a été extrêmement intéressant du point de vue différence culturelle.
Premièrement notre assistante anti-Bush primaire qui ne ratait pas une occasion de le critiquer très ouvertement n’a plus émis aucune critique le concernant. Tout le peuple américain s’est dressé comme un seul homme derrière le chef, toutes les voitures arboraient des drapeaux américains. Là-bas toutes les maisons ont des porte-drapeaux et suivant les occasions ils sortent le drapeau adéquate pour la graduation party, fête nationale,…pendant plusieurs mois les drapeaux américains étaient partout, partout, à vous mettre la chaire de poule. Le matin je prenais la 280 à 7h30, je prenais la 101 vers San Francisco à diverses heures de la journée pour aller à des rendez-vous, je rentrais tard le soir et à chaque fois, à chaque fois, sur tous les ponts, je dis bien sur tous les ponts il y avait des gens qui se relayaient toute la journée pour agiter des grands drapeaux américains. C’est dans ces moments là qu’on voit que nous n’entretenons pas le même lien avec notre drapeau national.
Les émissions de radios les programmes télé faisaient des programmes spéciaux 24h/24h du type « les auditeurs ont la parole », les gens appelaient en pleur en disant qu’ils allaient travailler plus au bureau pour sauver l’Amérique, les institutrices expliquaient comment elles allaient s’investir encore plus dans l’éducation des jeunes, les shérifs du bled de 1500 habitant paumé au milieu du désert expliquait qu’il serait plus vigilant au cas où des terroristes viendraient dans sa ville, etc, etc, etc,… !!!
Mais le plus incroyable pour un français reste un des discours de Bush quelques temps après les attentats. Ca ne faisait que 2 mois que j’étais arrivé sur le sol américain, et là je me suis dit que Chirac n’aurait jamais exprimé ces pensées comme cela :
« They will try to hide, they will try to avoid the United States and our allies – but we’re not going to let them. They run to the hills; they find holes to get in. And we will do whatever it takes to smoke them out and get them running, and we’ll get them. »
Une fois les « urgences réglées » Georges W d’ajouter à la communauté internationale : « We are back in Business ! ». Waaouuuh !!! Assez incroyable comment ce peuple est tourné vers l’avenir. Un autre exemple avec le discours de l’Etat de l’Union (2000) où Bill Clinton déclarait : « After 224 years, the American revolution continues. We remain a new nation. And as long as our dreams outweigh our memories, America will be forever young ».
Alors on adhère ou on n’adhère pas à la philosophie, ça c’est une question d’opinion, mais il faut avouer que nous ne sommes pas câblés pareil sur ce point. Ce qui me rappelle un post sur la différence culturelle France / USA sur le verre à moitié plein ou à moitié vide ici.
Ce qui m’avait « choqué » ou tout au moins étonné c’est que personne ne se posait la question : « mais pourquoi on nous a fait celà ? ». Il a fallu attendre 3 semaines pour entendre des interviews d’auditeurs (pas encore à la télé) qui tentaient d’émettre des pistes de réflexion sur les raisons qui avaient poussées à ces actes terroristes. Y avait-il eu de la censure, de l’auto censure des medias, concernant ces sujets ? Je me suis posé plusieurs fois la question sur le moment. Avec le recul et les émissions de Fox News sur la guerre en Irak j’ai rapidement eu la réponse.
A l’époque de la guerre en Irak, où la France avait dit non. les réactions des américains avaient été très différentes suivant les Etats, de par mon activité professionelle j’avais pas mal de contacts avec le poste d’expansion économique de San Francisco et l’Ambassade à Washington, à San Francisco ils recevaient des lettres d’encouragement et à Washington des lettres d’insultes !! Je me rappelle qu’à Las Vegas je disais que j’étais Suisse (hé oui ce p…. d’accent français) pour éviter de geler l’atmosphère.
Mais le plus extraordinaire de tout était la comparaison entre le même sujet traité par TF1 et Fox News. Nous travaillions à l’époque avec TF1 et faisions des tests sur la TV sur ADSL et nous profitions des programmes TV et autres bouquets en direct. Le même sujet avec la même source d’images mais montées différemment donner un sentiment opposé. Ce qui aurait fait le bonheur d’Arrêt sur Images.
Ce qui ne cache pas le plaisir d’avoir travaillé au cœur de la Silicon Valley, endroit unique et incroyable qui restera une expérience personnelle et professionnelle à jamais ancrée dans ma mémoire dans un pays aux paysages superbes et aux mélanges et contrastes culturels incroyables.