La course a la Longitude
23 octobre 2007
Je viens de lire "Longitude" de Dava Sobel, une journaliste scientifique, aux éditions JC Lattès.
Un livre passionnant si on s'intéresse à l'histoire de la science et aux esprits qui ont créé les objets qui nous semblent les plus anodins et qui ont pourtant changer la face du monde comme l'horloge de John Harrison, ou plutôt le chronomètre qui permit aux navires Anglais de se repérer en mer. L'Angleterre a ainsi pu dominer les routes maritimes et étendre son empire à travers le monde.
Ce livre relate l'histoire de John Harrison (1693-1776) qui s'instruisit lui-même avec la même soif de savoir qu'Abraham Lincoln qui étudiait la nuit à la lueur d'une chandelle. Il séleva de la pauvreté par la force de son alacrité d'esprit à la façon de Benjamin Franklin ou de Thomas Edison. Et au risque de pousser la métaphore trop loin, Harrisson fut charpentier pendant les 30 premières années de sa vie. Heureusement pour lui il vécut plus longtemps qu'un autre charpentier plus connu... il passa même 40 ans de sa vie à réaliser une horloge marine parfaite, se jouant des variations de température, du roulis et du tangage des navires de sa Majesté.
En 40 ans il créa 5 horloges marines H-1, H-2, H-3, H-4 et H-5 tout celà pour gagner le prix de la Loi de la Longitude, le Longitude Act publié le 8 juillet 1714 qui proposer 20.000 livres pour une méthode de détermination de la longitude à un demi-degré près. Un 1/2 degré signifie pour une horloge, qu'elle ne pouvait ni gagner ni perdre plus de 3 secondes par 24h.
Vous découvrirez dans ce livre le génie créatif de John Harrison qui s'appuya sur ses connaissances de charpentier pour créer des rouage en bois auto lubrifiant en choisissant des essences particulières pour chaque fonction, chaque rouage, le remplacement des balanciers incompatibles à la vie sur un navire, comment il a réussi à compenser les différences de température qui agissent sur la dilatation des métaux, etc, etc, ... vous vous étonnerez aussi des méthodes alternatives ubuesques : de la poudre de perlinpinpin déposée sur des cicatrices de chiens, de bateaux mouillés au large tirant des coups de canons à intervalles réguliers,...
Vous apprendrez comment les savants astronomes de l'époque lui ont mis des bâtons dans les roues et ont résisté à cette solution venant d'un homme du peuple en ne pensant qu'à leur intérêt personnel plutôt qu'à l'intérêt supérieur commun. C'était sans compter la pugnacité de John Harrison perfectionniste dans l'âme qui n'a jamais renoncé. C'est là que la citation de Jules Claretie prend alors tout son sens : Tout homme qui dirige ou fait quelque chose a contre lui ceux qui voudraient faire exactement la même chose, ceux qui voudraient faire exactement le contraire et surtout la grande armée de ceux qui ne font rien.
Quelques remarques mineures sur ce livre :
- pas de photos des horloges, ce qui est corrigé sur la photo accompagnant ce post
- j'ai du mal à comprendre comment les appareils d'observation de l'époque permettaient des mesures astronomiques capables de détecter des différences de temps de quelques secondes pour contrôler la véracité et la précision des horloges de John Harrison.
Avec ses horloges marines John Harrison explora les flots de l'espace-temps et réussit en dépit des oppositions féroces à utiliser et à maitriser cette quatrième dimension qu'est le temps. Il transforma le temps en distance reliant des points virtuels sur un globe à trois dimensions. Il se joua des critiques d'esprits perfides et étroits. Il arracha aux étoiles la localisation sur la Terre et enferma son secret dans une montre de poche. Il traça sur la Terre des lignes imaginaires qui rejoignent aux pôles pour mieux se séparer, là bas, de l'autre côté où seuls quelques aventuriers comme Cook osaient defier les océans bordant des côtes inconnues qu'ils consignaient consencieusement dans leurs livres en reportant la Latititude et surtout la Longitude grâce à l'horloge de John Harrison
J'avoue humblement ne plus regarder ma montre de la même manière... respect à cet illustre inconnu.
Pour info le calcul du mile marin : la Terre à l'équateur fait 40.000 km de circonférence elle fait un tour (360°) en 24h, 1° correspond donc à 111,11 km dans 1° il y a 60 minutes d'angle, 1 minute d'angle correspod à 111,11/60= 1852 m ce est la distance en mètres d'un mile marin
A l'époque un voyage vers les caraïbes durait 6 semaines une horloge déviant d'une minute par jour (ce qui était peu à l'époque vu les oscillations du bateau et les variations de température) correspondait à 42 jours donc à 42 minutes*1852m = 77 km (à l'équateur) donc un peu moins au niveau des Caraïbes, ce qui suffisait à un bateau pour louper la Terre sans la voir de nuit ou pire la percuter. C'est ce dernier évènement, le 22 octobre 1704, qui vit la flotte de Sir Clowdsley percuter la Terre au Sud-Ouest de l'Angleterre par un jour de forte brume où 2000 marins ont péri en mer. C'est cet évènement qui a lancé l'idée d'une mesure plus précise de la Longitude.
Libellés : 09, longitude, reflexion
2 Commentaires
- Le 06 février, 2008, dit...
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bonjour je voudrai savoir komen les marin fesait ils pour savoir la longitude sur la kel il se trouvr grace au chronometre et quel été lutilité exacte de savoir la longitude ou il été... pk grace a cette connaissance ne pouvé il pas sechouer??? merci d'vance
- Le 11 février, 2008, Philippe - blogmaster dit...
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C'est en fait assez "simple". Les marins savent qu'il est midi lorsque le soleil passe au méridien local, c'est à dire lorsque le soleil passe à la verticale de l'endroit où ils se trouvent. Le chronomètre (en fait l'horloge) va lui permettre de savoir la différence entre le moment où le soleil passe au méridien de l'endroit d'où il est parti et de l'endroit où il se trouve, un exemple concret imagine un bateau amarré à l'ouest d'un point A situé sur l'équateur il regarde l'heure à laquelle le soleil passe au méridien par rapport à son point de départ, il note 12h10, par rapport à son point de départ sur lequel était réglé son chronomètre (horloge) il y a 10 minutes d'écart. Le marin sait qu'une minute correspond à 1852m (à l'équateur) donc 10 min correspond à environ 18 km, voilà donc comment il sait où il se trouve. Si ce n'est pas à l'équateur il y a quelques calcul de correction à réaliser en fonction de la latitude mais le principe reste le même.
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